« Prouesse technique », « pari fou », « projet dingue », « Ovni
télévisuel »... le film Jour de gloire a beaucoup fait parler de lui. France Info, Télérama, Les Inrockcuptibles, Allociné, France Inter avec les émissions de Léa Salamé et d’Antoine de Caunes... impossible de passer à côté de l’information. Il faut dire que le concept de « métacinéma » créé, il y a 7 ans, par Jeanne Frenkel
et Cosme Castro est innovant et... nébuleux. « Du jamais vu. » C’était donc logique que le principe titille la curiosité d’autant plus que les deux réalisateurs avaient l’ambition de diffuser en direct, dans leur fiction, les résultats
de l’élection présidentielle.
« Sacré challenge ! » et challenge réussi. À 20 h précise, tous
ceux qui visionnaient le film
sur leur téléphone portable, ordinateur ou au cinéma ont découvert le visage du nouveau président de la République. Alors le métacinéma ? Fiction qui devient réalité ou réalité qui est fiction ? Les lignes sont floues et s’entremêlent.
Depuis un an, Jeanne et Cosme étaient en résidence en Lot-et-Garonne avec le Bureau d’accueil de tournage 47 (BAT 47) dont
le président est PierreHenri Arnstam pour donner corps
à leur film, leur « défi le plus ambitieux ». Ils ont sillonné le département pour trouver le
bon village, celui qui a servi de décor à Jour de gloire. « Laroque Timbaut a été choisi car il représentait un certain visage
de la France », explique Florent Peiffer (Youblive), coproducteur du film avec François Pécheux (2P2L) et Arte. Ils ont rencontré les gens d’ici pour comprendre leur mode de vie, leurs problématiques. L’histoire raconte donc, avec émotion et tendresse, les différences entre deux frères : différences politiques et surtout différences sociales. Félix (joué par Félix Moati) est le citadin expatrié en Australie à qui tout semble réussir contrairement
à son aîné Julien (Julien Campani) qui a fait le choix de rester à la campagne et de faire de nombreux sacrifices pour s’occuper jusqu’au bout de sa mère. Mais avaitil le choix ? C’est l’amour de jeunesse de Félix, Anna (Julia Faure) qui évoque, tout en pudeur, cette période.
Cette tranche de vie a été filmée sans filet en une seule prise, caméra embarquée. L’erreur n’était pas une option. Tout devait se dérouler sans embuche. Le timing devait être parfait pour que les deux frères se retrouvent devant leur télévision pour l’annonce en direct des résultats. Alors, le métacinéma nécessite une préparation « de fou », des répétitions au millimètre près, des « plans B, C et plus » pour parer à toute éventualité : pluie et résultats de l’élection. Félix avoue qu’il y avait de l’électricité dans l’air. « À ce moment-là, même si on est acteur, on est rattrapé par la vraie vie, la grande Histoire... »
Plus de 80 techniciens dont beaucoup de locaux et une centaine de figurants ont travaillé sur ce film. L’avant- veille du tournage, la tension était palpable, Laroque était une vraie fourmilière. « On speede, on est en méga répet là », lance fébrilement Cosme. Il ne savait pas encore que Jour de gloire restera dans les annales du 7e art. De projet fou, il est passé à projet à prendre en exemple, à copier. Jeanne et Cosme ont ouvert les portes d’un nouveau monde cinématographie. « Ce tournant a eu lieu en Lot-et-Garonne », conclut fièrement Jacques Bilirit, vice-président du Département en charge de la Culture.
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