Si le rythme d'adoption
des lois « santé » tend à s'accélérer, à savoir
une tous les trois ans contre
dix ou quinze ans auparavant,
et alors que les plans
gouvernementaux se succèdent
sans succès, les enjeux de
l’adaptation de l'offre de soins,
et plus particulièrement
dans nos territoires ruraux,
demeurent les mêmes et
vont encore s'aggraver
avec le vieillissement de la
population, le développement
des maladies chroniques
et la dépendance. Selon les
derniers chiffres, entre 9 et
12 % de la population française
vit aujourd'hui dans un désert
médical, soit 6 à 8 millions
de personnes. Les écarts de
densité entre départements
varient en moyenne de 1 à 3
pour les médecins généralistes
et ces inégalités s’accentuent.
Le renoncement aux soins et
la situation inacceptable et
dramatique de perte de chances
(capacité à être soigné dans
des conditions normales) sont
désormais une réalité vécue
par un nombre croissant de
nos concitoyens ; les stratégies
d’attractivité par l’argent ont
en outre montré leurs limites.
Pire, ces incitations financières
génèrent de la concurrence
entre territoires avec comme
effet pervers de créer un
« mercenariat » de médecins
généralistes français et
étrangers qui souvent quittent
leur poste la veille de l’arrêt des
aides pour, parfois, bénéficier à
nouveau de ces mêmes aides
quelques kilomètres plus loin.
Face à cette situation, les
collectivités territoriales ont
fait preuve de courage et de
responsabilité, en multipliant
les initiatives pour faire face
à l'absence de médecins
généralistes ou de spécialistes,
consacrant des sommes
importantes à la lutte contre
la désertification médicale,
fédérant les acteurs locaux,
alors que ce combat relevait
avant tout de la compétence
régalienne de l‘État. En Lot-et-
Garonne, de très nombreuses
initiatives, souvent citées en
exemple au niveau national,
ont été mises en oeuvre par le
Département, les communautés
de communes rurales, les
agglomérations ou certaines
communes : définition d’aires de
santé, création de la CODDEM*,
élaboration d’une charte de
non-concurrence, financement
et création de MSP*, création
de CDS*, salariat de praticiens
médicaux… Malheureusement,
si ces initiatives ont retardé
la désertification médicale
annoncée, elles ne sont
aujourd’hui plus suffisantes et
elles ne pourront durablement
pallier la nécessité de prendre
au niveau national des
décisions fortes et audacieuses,
nécessaires et incontournables.
L’heure n’est plus aux discours
ou aux demi-mesures, mais à
l’action afin de faire respecter,
dans les faits et dans tous les
territoires qui constituent notre
pays, le principe fondamental
d’égal accès aux soins, pilier
de notre République. Ainsi, à la
veille des élections présidentielle
et législatives, nous, élus locaux
de Lot-et-Garonne, lançons un
appel solennel aux candidats
afin qu’ils s’engagent à mettre
en oeuvre rapidement, une fois
élus, les mesures mentionnées
ci-après et qui sont guidées par
les principes :
« Autant de liberté que possible,autant de régulation que nécessaire »
« Pas d’idéologie mais de la détermination, du pragmatisme et de l’efficacité »
Certaines de ces propositions peuvent paraître contraignantes, mais, en se déclarant désormais très majoritairement favorables à des mesures plus fermes pour lutter contre les déserts médicaux, les Français ont bien compris qu’il fallait passer d’une logique d’obligations de moyens à une logique d’obligations de résultats. Nous voulons croire que les professionnels de santé, dont l’immense majorité subit la situation actuelle, nous accompagnerons dans cette démarche afin de construire ensemble un système de santé plus juste et plus équitable.
* CODDEM : Commission
départementale de la démographie
médicale
* MSP : Maison de santé
pluridisciplinaire
* CDS : Centre de santé
Découvrez les 13 propositions pour lutter contre les déserts médicaux
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La liste des signataires de l'appel