Explication
La date de création du Conseil des jeunes de la protection de l’enfance (CJPE), mercredi 22 novembre, n’a pas été choisie au hasard. C’est en effet symboliquement le mercredi suivant la Journée mondiale de l’enfance (20 novembre) que 30 jeunes filles et garçons se sont installés dans l’hémicycle du Conseil départemental à Agen. Âgés de 8 à 21 ans, tous issus de l’Aide sociale à l’enfance (Ase), ils ont été volontaires pour siéger dans cette nouvelle instance pour une durée de 18 mois. Ils prennent à coeur leur mission et sont bien conscients de leurs responsabilités. Tous veulent « faire bouger et changer les choses » comme Lyssia (15 ans) ou Valentin (16 ans). « Même si je suis placé depuis peu, j’ai voulu m’impliquer pour aider ceux qui le sont depuis plus longtemps que moi. On a tous notre place ici et on a tous un rôle à jouer », explique-t-il. Léo (21 ans) le rejoint dans son implication. « J’ai décidé de m’inscrire pour améliorer ce qu’il y a à améliorer, pour donner mon avis, pour dire ce qui est bien aussi et pour être le porte-parole de tous ceux qui n’ont pas pu participer ». Quant à Bianca (13 ans), elle a envie que les enfants soient mieux protégés et Alayan (14 ans) veut « améliorer les conditions, surtout d’accueil, des jeunes enfants placés en famille d’accueil… ». Luna (16 ans) s’est aussi engagée pour poursuivre le travail réalisé tout au long de l’année 2023 en vue de la création du CJPE. « J’ai assisté aux réunions préparatoires. J’ai participé à la conception du logo, des plaquettes… J’ai adoré ! J’ai donc voulu continuer en étant membre du conseil. » Et l’originalité du CJPE lot-et-garonnais est bien là ! Avoir été construit avec les jeunes de l’Ase. Une telle instance n’a de sens que si elle est pensée avec les principaux concernés. « On se démarque des 30 Départements qui ont déjà créé un CJPE. Dès la genèse du projet, nous avons décidé d’intégrer les jeunes à la réflexion. Il s’agit de leur outil, il doit donc leur correspondre. Nous n’avons pas voulu penser et décider pour eux », précise Christine Gonzato- Roques, vice-présidente en charge du Développement social, de l’Insertion et de l’habitat. Le CJPE est un lieu de parole dédié aux jeunes, il était donc logique que les jeunes participent à sa création. Avant de travailler collectivement sur des thématiques qu’ils choisiront lors de la prochaine plénière du 22 avril, les 30 conseiller·ère·s jeunes apprennent à se connaître. Le premier contact a eu lieu le 22 novembre, jour de l’installation au CJPE. « Je me suis rendue compte qu’il y a plusieurs jeunes dans la même situation que moi et que nous avions tous la même préoccupation : améliorer notre vie. On est beaucoup à soutenir la même cause ! Je trouve ça très intéressant », explique Luna. Le fait d’être en confiance et d’être investi d’une mission a aussi rendu loquace certains jeunes. « Je n’ai pas l’habitude de beaucoup parler car chez nous, on ne parle pas vraiment beaucoup. Mais là, j’ai beaucoup parlé car je parlais à des amis. C’était mieux », se confie Kaylie (11 ans). Saona (14 ans) précise que dans le groupe « personne n’a été de côté. On s’est tous laissés parler. C’était dans le respect, on ne s’est pas jugés… ». Un climat de confiance, propice au travail, s’est donc installé. Widad (17 ans) le confirme. « J’ai trouvé qu’on pouvait parler car on avait confiance en nous. C’est bien de parler donc il ne faut pas se renfermer. » Et c’est justement l’essence même de ce CJPE : donner la parole à ces jeunes et valoriser leur savoir du vécu. « Nous comptons sur eux pour accomplir la mission qui leur a été confiée et qui revêt une grande importance pour nous », précise Sophie Borderie, présidente du Département. Agir, échanger, être écouté, donner son avis, proposer des idées, s’exprimer… voilà ce qui est demandé à ces jeunes. Ils partiront de leurs expériences pour faire bouger les lignes et être forces de propositions, pour améliorer leur avenir et celui de tous les jeunes bénéficiaires d’une mesure de protection de l’enfance dans le 47. Le 22 novembre avec une des animatrices des Francas* qui les suivra tout au long de leur mandat, ils ont commencé à débattre sur les 10 droits fondamentaux des enfants. « J’ai appris beaucoup de choses », avoue Valentin qui va œuvrer pour que les enfants se sentent mieux. « J’ai hâte de voir comment fonctionne une telle instance, comment sont prises les décisions », ajoute-t-il. Car dans 18 mois, les 30 ambassadeur·rice·s de la protection de l’enfance feront des propositions, toutes destinées à améliorer le quotidien des enfants qui sont bénéficiaires du dispositif. Elles seront étudiées par le Département qui, dans la mesure du possible, les intégrera dans sa politique de protection de l’enfance. « Nous nous engageons à ce que les propositions qu’ils seront amenés à formuler soient suivies de réponses pour améliorer notre politique en matière de protection de l’enfance », ajoute Christine Gonzato-Roques. « J’espère que j’accomplirai bien mon rôle pour aider les autres », conclut Luna qui sera, à l’instar des autres conseiller·ère·s jeunes, accompagnée par des « référents participation » tout au long de son mandat. * Association d’éducation populaire Voir la vidéo de la session d’installation du CJPE Verbatim de Christine Gonzato-Roques Déjà en 2020… 18 mois de mandat 30 jeunes de 8 à 21 ans Les droits des enfants